Notre région, c’est bien connu, regorge de
talents de toutes sortes. L’idée de faire de la médiation culturelle, de mettre
ensemble amateurs et professionnelle, coulait de source. Déjà au printemps
2011, une troupe prenait forme au Cœur du Village. Une pièce originale,
intitulée Fragments et composée de textes divers venant de divers auteurs de la
région a été montée et l’expérience fût convaincante, le désir d’aller plus
loin dans cette expérience a pris forme. D’avoir une troupe au Cœur du Village
allait de soi. Favoriser la création, animer et diffuser sont au cœur même de
notre mission.
Un an plus tard l’auteur dramatique de
renom Louise Pelletier a écrit une pièce « sur mesure » pour la Salle
Alec et Gérard Pelletier, sur mesure en ce qui concerne les acteurs qu’elle
avait vu évoluer lors de Fragments mais aussi en ce qui concerne notre
municipalité. En effet l’action se déroule dans un petit village qui pourrait
bien être le nôtre en 1938. Nous avons ensuite contacté les comédiens et
créateurs professionnels de la région intéressés à transmettre leurs
connaissances à nos passionnés amateurs.
Vu l’enthousiasme de tout le monde nous
avons pensé que si un petit groupe était intéressé pourquoi ne pas essayer de
rejoindre le plus grand nombre d’intervenants possible? Pourquoi ne pas
concevoir un projet interdisciplinaire et rassembleur qui mettrait en valeur la
vitalité culturelle de notre communauté? C’est ainsi que les artistes se sont
joint au projet à travers la galerie Art Libre, l’organisme Héritage Sutton,
les restaurateurs, les aubergistes…
L’Histoire est un sujet dont on parle
beaucoup mais qu’on ne met pas souvent en valeur. Comment savoir qui nous
sommes si nous ne connaissons pas ce que nous avons vécu. « Nightcap»
parle d’une époque difficile. Quand on évoque les années trente on s’en tient
d’habitude à la crise économique et aux misères qu’elle a entrainée. Mais ces
dix ans qui précèdent la guerre ont aussi été une grande période d’ébullition
sociale ainsi qu’une véritable explosion culturelle, la radio étend son règne
tandis les troupes (comme celle de La Bolduc) sillonnent les campagnes.
Les années trente voient s'épanouir un théâtre
véritablement populaire qui s'étend partout au pays par le biais de ces
tournées. Le Burlesque suscite un véritable
engouement: Ti-Zoune, Manda Parent, Juliette Pétrie, Rose Ouellette dite la
Poune... les grands artistes du Burlesque sont devenues des figures mythiques
chez nous. Pourtant ces spectacles étaient méprisés par l'élite
clérico-nationaliste qui y voyait un symptôme de l'avilissement de la race
canadienne-française.
Comment la Crise économique des années
trente a-t-elle été vécue hors des grandes métropoles? Le clérico-nationalisme?
Le fascisme qui grondait en Europe
avait des répercussions ici aussi pourtant c’est une période dont on ne parle
que très rarement. Quoi de mieux qu’un sujet controversé pour se faire entendre
jusqu’à Montréal ou Sherbrooke et surtout quand tout un village s’en mêle!?